samedi 16 janvier 2010

in the mood - 16 janvier









12h de sommeil plus tard, je me réveille au tintamarre des ruelles. Café au lait vite fait. Je décide aujourd’hui d’obtenir dans une agence gou-ver-ne-men-tale des renseignements pour me rendre à Chandigarh. Je commence par la gare, à quelques centaines de mètres de mon hôtel. Là, un agent m’indique l’adresse de ce qui semble être ce que je cherche. Ballade en hélicoptère de combat (le “tuk-tuk”, baptisé ici hélicoptère). J’obtiens enfin les renseignements que je cherche. Impossible de se rendre là-bas en train car la région est envahie en raison d’un festival. Seule possibilité : le bus local.

Je décide alors de me rendre au centre Gandhi, dans le vieux Delhi. Un rickshaw, cette fois ; mais son conducteur ne semble pas très bien savoir comment s’y rendre. Je réaliserai, un peu plus tard, que c’était à ... 6 km - mais sur le plan de la ville, les distances réelles ne sont absolument pas perceptibles.







La visite du centre est pour moi très émouvante car j’ai beaucoup lu Gandhi entre 16 et 17 ans. Et je goûte la paix recueillie du lieu. A 16h, un film sur la vie du Mahatma est projeté. Je m’y rends après avoir visité, dans le petit parc, l’ashram reconstitué de “bapu”. Au fur et à mesure du film, la salle se vide (le son était désastreux). Et 2 minutes avant 17h - j’étais resté seul face au film d’archives - un employé vient purement et simplement arrêter la projection. "It's not finished", I said, flegmatique. No answer. Soit. Ici, tout prendre avec sourire et détachement.





Je décide de me rendre au mémorial où eut lieu la crémation de Gandhi (ses cendes ont été dispersées dans le Gange). Endroit magique, hors-temps. Il faut enlever ses chaussures pour accéder à la “pierre tombale” proprement dite (voir photo). J’y découvre une toute autre frange de la population. Jeunes femmes et jeunes filles superbement habillées.




Ah, j’oubliais. En route vers ce grand parc, je suis abordé par deux vrais pauvres ères en haillons, de petite taille, hagard, hébétés, hallucinés, trifouillant un trou en terre, à même le “trottoir”. L’un d’eux, qui ne cesse de me suivre, tombe pathétiquement devant moi, je l’aide à se relever. Il m’accompagne jusqu’à l’entrée du Raj Gat ; tout le monde nous regarde (nous sommes sur une grande artèr) mais je suis très souriant ... Un passager d’une voiture passant près de nous m’invite à prendre garde à mes sacs ... Etant entré dans le parc où mes deux pauvres vieux sont arrêtés par le gardien, une aimable jeune femme m’invite à ne jamais donner d’argent (NB : trop tard, j’avais craqué, je le confesse).

Je fais connaissance avec Jana, jeune femme allemande, mathématicienne de formation. Elle a quitté son job pour un tour du monde. Nous sympathisons et décidons de passer la soirée ensemble. Nous partageons les frais du tuk-tuk de retour. Elle a repéré un très bon resto végétarien sur Connaught place. Comme nous y arrivons une heure à l’avance, nous décidons d’aller boire un café. C’est alors qu’elle retrouve un jeune indien qu’elle avait rencontré le matin. Longue conversation très sympathique et chaleureuse à nous 3. Le jeune homme nous donne mille informations et, bien sûr, une bonne adresse pour un authentique ristretto (ça change du café local, plutôt “eau rehaussée de café” et généralement café au lait).


Effectivement, le resto végétarien (uniquement fréquenté par les locaux) est une jubilation.

Nous revenons tous deux à Main Basar et là, dans une boutique d'une ruelle parallèle à Main basar (la rue principale), je découvre que la même écharpe achetée la veille 400 roupies (dans le big shop conseillé par mon conducteur de tuktuk) est à 100 roupies. Welcome to India.

Tout, ici, me paraît extrême, contraste. Comme la cuisine mélangeant le doux presque sirupeux à l’épice la plus brûlante. Les indiens ont un sens extraordinaire du contact. Alors que nous quittons le resto végétarien, ma comparse me montre le plat commandé par un jeune couple attablé : une splendeur. Je ne peux m’empêcher de manifester mon admiration pour cette cuisine à ceux qui sont sur le point de la déguster. Sans aucune hésitation, ils nous en ont tendu une bouchée, à Jana et moi. Retenez ce mot et goutez-y dès que possible : “Dosa”.

New Delhi ... Traverser une voie à 4 ou 5 bandes est un défi qui aurait réjoui le bien nommé Indiana Jones. Le truc : y aller ... chacun trouve le moyen d’éviter les autres. Ou bien attendre qu’un groupe se lance dans la mêlée (très peu de feux). La vie ici est un fleuve tourbillonnant. Je pense qu’il ne faut pas résister. Un peu partout des mendiants, estropiés, hommes, femmes, enfants, le visage défiguré par la disgrâce. Quelle histoire derrière chacun de ces regards poignants ? Des hommes, dormant, comme les chiens d’ailleurs, en bordure des routes. Et les tuktuk qui foncent. Que de contrastes. La vie vaut-elle si peu ?

Je ne sais pas encore si je pourrai me rendre à Chandigarh demain (je viens de réaliser que c’est dimanche. J’ai perdu, depuis 5 jours, toute notion hebdomadaire et je n’ai aucune idée des horaires. Les transports, ici, en dehors des réservations de train ou d’avion, elles-mêmes parfois aléatoires, méritent à eux seuls un traité philosophique sur le temps e le détachement.

L’Inde, à ce jour, me paraît se concentrer dans tous ces regards croisés, regardés, tragiques, souriants, rieurs (fou rire dans un rickshaw après une âpre négociation tarifaire!), photographiés parfois. Que d’yeux, que d’abîmes. Un mélange détonnant de bonté, de simplicité, d’arnaqueurs pas forcément méchants. Regards en haillons. Et ces occidentaux faisant tout ce qu’ils peuvent pour se fondre dans l’indian way of life. J’en ai vu un en moine bouddhiste ; d’autres sortis tout droit des années 60. Partout et avec chacun, je ressens une grande facilité de contact. Et, oui, ça me plaît. Je suis heureux d’être là. Heureux d’avoir, ce jour, croisé à nouveau la route de Gandhiji, tant aimé dans ma jeunesse. Il a encore beaucoup de choses à nous apprendre quant à la meilleure façon de résister à la dictature de l’actionnariat. Car cette dictature est l’Empire. En-pire.



I’m

in the mood for India.



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