samedi 30 janvier 2010

30 janvier - Lotus et tant d'autres








Depuis des jours et des jours je ne sais plus quel jour de la semaine nous sommes ... Tout est toujours intensité, contraste, changements. Impossible de programmer, même pour le jour-même. Je pensais pouvoir, cet après-midi, refaire un tour dans les maisons et villages des écolières de Fior di Loto mais j’apprends en dernière minute que mon conducteur est en fait à Jaïpur. Remis à demain. Mais pas de souci, shanti shanti ...

Je suis retournée à l’école de Fior di Loto refaire une nouvelle série de photos, sous un autre angle. Il faudrait des journées de vie dans l’école pour voir et sentir.


A 16h, je retrouve Deepu au sunset ; il fait chaud aujourd’hui. On dit ici que l’été arrive. Nous allons dans le fond du café et je lui montre les photos prises. Il a d’abord été étonné par le Mac lui-même ... ! Dans la conversation, j’apprends qu’il a fait de la politique il y a quelques années. Mais que le système est tellement gangrené par la corruption qu’il préfère ne plus s’occuper de ces choses. Son frère, par contre, s’est fait élire à un poste important pour la ville Pushkar. Il n’y a pas de maire ici, la “mairie” regroupe en fait une plus grande surface géographique.

Fin de journée tout en douceur. Avec Flor, dîner très original en compagnie de 2 de ses amis Afghans qui écoulent, en Inde, leurs textiles. Ils ne parlent pratiquement pas anglais et y mêlent quantités de mots de leur langue ; mais Flor et eux semblent bien se comprendre.

Pushkar est une petite ville mais, sur le plan photographique, presqu’inépuisable. A chaque minute, il y a une photo à faire. Tout est en constante mobilité autour de soi, c’est hallucinant. Je reste donc ici jusqu’à la fin car il me reste encore quelques petits projets.


Le temps passé dans une même ville ou quartier est important pour la création de liens, de contacts. Et ici le contact est tellement facile, spontané. Dans les échanges, on donne et reçoit quantités d’informations. J’ai fait de bons contacts avec 2 ou 3 photographes pro qui ont été très riches ; et que j’espère revoir en France. L’un d’eux, Olivier, avec qui j’ai pris le petit déj ce matin, a quitté son appartement de Marseilles il y a plus de 2 ans pour parcourir l’Inde ; il va bientôt rentrer en France pour faire un livre photos.

Pushkar est certes une ville touristique mais dès que l’on quitte la rue principale, que l’on sort de la ville ou, tout simplement, que l’on s’aventure dans les ruelles et en périphérie, c’set déjà une “autre” Inde qui s’offre très spontanément.

Les couchers de soleil sont sublimes ; ce soir c’est la pleine lune, jour particulier pour les Hindous en termes de dévotion.

Cet après-midi, j’ai pris en photo un très bel homme qui portait une fleur à son oreille. Il se laisse faire puis m’apprend qu’il est Brahmine.


L’un de ses amis m’offre une guirlande de fleurs que je garderai autour du cou toute la soirée. De fil en aiguille, mon beau et jeune brahmine m’invite à visiter sa boutique à l’entrée de la ville. Comme d’habitude je me laisse faire. Et nous voilà partis à moto ... Je repasserai prendre des photos de lui dans sa boutique (je fais ça assez souvent ici ; et j’ai un gros stock de cartes de visites des personnes à qui envoyer, par la poste (car tous n’ont pas une adresse mail, loin s’en faut), les photos. Les jours passants, j’y vais de plus en plus “franco” avec les photos, donnant quelques roupies lorsqu’il s’agit de mendiants ou de “babas” (une sorte de sadhous, mais mendiants) ; je suis chaque fois étonné de la réaction des habitants, la plupart aiment ça et souvent me le demandent spontanément. Je leur montre alors la ou les photos et ils sont tout heureux. La cordialité est constante et même si, souvent, le salut est une invitation à dépenser, tout se fait et se termine dans la bonne humeur.


30 janvier - Lotus et tant d'autres

Depuis des jours et des jours je ne sais plus quel jour de la semaine nous sommes ... Tout est toujours intensité, contraste, changements. Impossible de programmer, même pour le jour-même. Je pensais pouvoir, cet après-midi, refaire un tour dans les maisons et villages des écolières de Fior di Loto mais j’apprends en dernière minute que mon conducteur est en fait à Jaïpur. Remis à demain. Mais pas de souci, shanti shanti ...

Je suis retournée à l’école de Fior di Loto refaire une nouvelle série de photos, sous un autre angle. Il faudrait des journées de vie dans l’école pour voir et sentir.

A 16h, je retrouve Deepu au sunset ; il fait chaud aujourd’hui. On dit ici que l’été arrive. Nous allons dans le fond du café et je lui montre les photos prises. Il a d’abord été étonné par le Mac lui-même ... ! Dans la conversation, j’apprends qu’il a fait de la politique il y a quelques années. Mais que le système est tellement gangrené par la corruption qu’il préfère ne plus s’occuper de ces choses. Son frère, par contre, s’est fait élire à un poste important pour la ville Pushkar. Il n’y a pas de maire ici, la “mairie” regroupe en fait une plus grande surface géographique.

Fin de journée tout en douceur. Avec Flor, dîner très original en compagnie de 2 de ses amis Afghans qui écoulent, en Inde, leurs textiles. Ils ne parlent pratiquement pas anglais et y mêlent quantités de mots de leur langue ; mais Flor et eux semblent bien se comprendre.

Pushkar est une petite ville mais, sur le plan photographique, presqu’inépuisable. A chaque minute, il y a une photo à faire. Tout est en constante mobilité autour de soi, c’est hallucinant. Je reste donc ici jusqu’à la fin car il me reste encore quelques petits projets.

Le temps passé dans une même ville ou quartier est important pour la création de liens, de contacts. Et ici le contact est tellement facile, spontané. Dans les échanges, on donne et reçoit quantités d’informations. J’ai fait de bons contacts avec 2 ou 3 photographes pro qui ont été très riches ; et que j’espère revoir en France. L’un d’eux, Olivier, avec qui j’ai pris le petit déj ce matin, a quitté son appartement de Marseilles il y a plus de 2 ans pour parcourir l’Inde ; il va bientôt rentrer en France pour faire un livre photos.

Pushkar est certes une ville touristique mais dès que l’on quitte la rue principale, que l’on sort de la ville ou, tout simplement, que l’on s’aventure dans les ruelles et en périphérie, c’set déjà une “autre” Inde qui s’offre très spontanément.

Les couchers de soleil sont sublimes ; ce soir c’est la pleine lune, jour particulier pour les Hindous en termes de dévotion.

Cet après-midi, j’ai pris en photo un très bel homme qui portait une fleur à son oreille. Il se laisse faire puis m’apprend qu’il est Brahmine. L’un de ses amis m’offre une guirlande de fleurs que je garderai autour du cou toute la soirée. De fil en aiguille, mon beau et jeune brahmine m’invite à visiter sa boutique à l’entrée de la ville. Comme d’habitude je me laisse faire. Et nous voilà partis à moto ... Je repasserai prendre des photos de lui dans sa boutique (je fais ça assez souvent ici ; et j’ai un gros stock de cartes de visites des personnes à qui envoyer, par la poste (car tous n’ont pas une adresse mail, loin s’en faut), les photos. Les jours passants, j’y vais de plus en plus “franco” avec les photos, donnant quelques roupies lorsqu’il s’agit de mendiants ou de “babas” (une sorte de sadhous, mais mendiants) ; je suis chaque fois étonné de la réaction des habitants, la plupart aiment ça et souvent me le demandent spontanément. Je leur montre alors la ou les photos et ils sont tout heureux. La cordialité est constante et même si, souvent, le salut est une invitation à dépenser, tout se fait et se termine dans la bonne humeur.


29 janvier - fior di loto











Lever tôt car très mauvaise nuit. Vers 3 ou 4h du matin, toute une troupe de pélerins chantaient dans ma cellule et y secouaient des clochettes. J’ai pu me rendormir, mais pas très longtemps. Electric café chez Nijzam.

La matinée se passe “shanti shanti”. Elle démarre au soleil de la terrasse de la guesthouse où nous assistons en direct à une séance barbier d’une extraordinaire virtuosité. Un vrai ballet, rasoir en main, sur fond de lac et de montagnes, au soleil. Une sorte de cérémonie du thé ...


Flor et moi flânons en ville, passant d’une échoppe à l’autre où l’on se fait inviter à boire un tchaï. Je fais ainsi différentes rencontres : des photographes (de Pushkar, mais qui tiennent bien sûr une boutique), un ingénieur civil mexicain, un fabuleux artisan-formateur en bijouterie, ...

Vers 14h, comme prévu, je retourne au bureau de la Fondation Fior di Loto. Nous avions prévu que Deepu m’emmène rendre visite à quelques familles d’écolières et me montrer de plus près leurs villages. Au volant de la voiture blanche des années 50 ou 60 (il y a un petit côté Havane en Inde), je suis heureux de retrouver mon chauffeur de minipus. Nous voilà donc partis, Deepu, lui et moi derrière, prenant photos.


Cette après-midi fut étonnante de découverte. Voir dans quelles conditions réelles vivent les habitants des villages. Certains sponsors de la Fondation ont fait construire de petites maisons en briques (maximum 20 m2 au sol) pour les familles les plus pauvres. Dans l’une d’elles vivent 10 enfants orphelins.


Dans une autre, ils sont 6. Mais dans chaque maison visitée, la même ambiance : rires, rires avec les enfants et les adultes, les enfants adorent être pris en photo et en demandent autant qu’ils peuvent. Je me fais ainsi une première idée de l’habitat et des conditions de vie et, surtout, des conditions dans lesquelles écolières travaillent en rentrant de l’école. C’est simple : il n’y a, en dehors des lits, pas de mobilier, ou quasi pas. L’électricité arrive dans la plupart des maisons mais les coupures (je l’ai expérimenté quelques fois à Pushkar) ne sont pas rares. Pas de chauffage, bien sûr, pour les nuits les plus froides de l’année. Photos, photos, photos ... Je suis notamment surpris de découvrir dans les différentes maisons visitées que, en dehors des images et objets pieux, le seul élément de décoration est constituée par ... la vaisselle (bols, assiettes) soigneusement disposée. Dans les rares intérieurs que j’ai entr’aperçu en ville, j’avais déjà remarqué l’absence de mobilier. Quelqu’un m’explique dans la journée que si un habitant a les moyens de s’offrir un meuble, il choisira une belle pièce d’antiquité. Pas d’ikea, ici. Encore moins de mobilier Habitat.


Pour ce qui est des bijoux des vieilles paysanes - et d’autres vues en ville - on m’explique qu’en Inde, les gens n’épargnent pas mais thésaurisent. Tout va dans les bijoux. Il y a d’ailleurs un vrai marché - et trafic - de bijoux en argent ancien. On les retrouve ça et là dans les boutiques ; la ville de Jaisalmer est assez réputées pour ces joailleries. Le gouvernement a d’ailleurs interdit la vente des bijoux de plus de 100 ans. Mais ...

A 18h, nous nous retrouvons devant la boutique d’un ami de Flor, artisan-bijoutier que j’irai photographier demain - Il nous invite à une fête en ville.

Etant arrivé un peu plus tôt, je m’attarde, sur la petite place du marché, à faire des photos. Je suis rejoint par un de mes compagnons gypsy, “Pedro” ainsi qu’il se fait appeler. Il est, cela se voit et s’entend, malade. Bien entendu il me demande des roupies, à manger ... je lui propose de l’emmener au dispensaire pour se faire soigner. Il préfère avoir l’argent en cash et y aller lui-même ; je lui fixe rendez-vous demain. Deepu, le responsable de Fior di Loto passant par là, je lui signale le cas de cet enfant ; Deepu me dit de l’emmener à l’hôpital où il recevra les soins gratuitement. Mais je ne sais pas si mon copain viendra me rejoindre demain.

Nous y arrivons - à moto - vers 19h. Stupeur. Dans ce qui doit être une école, et dans la grande cour de celle-ci, des dizaines de femmes, hommes, enfants, ... arrivent par groupe. Il s’agit d’une veillée consécutive au 20è jour de la mort d’un habitant. Cette fête est rituelle. On nous fait monter sur le toit de l’un des immeubles. On nous explique que les places (dans la cour ou sur les toits) sont assignées en fonction des castes auxquelles les convives appartiennent.


Hommes et femmes sont séparés. Mais ce sont les hommes qui, partout, font le service. Tout le monde est assis par terre, sur des bandes de tapis très longs. Le spectacle est très beau, l’ambiance très bonne, brouhaha, ronde continues des serveurs. (Alors que je me rends au pipi-room, un petit garnement n’hésite pas à me demander de manière très directe 10 roupies. Comme je refuse en riant, il croit m’avoir en m’affirmant qu’il n’y a pas de toilettes là où je vais et me tourne le dos).

Il existe un très grand nombre de castes (parfois une caste par métier : nous discutons ainsi, longuement, avec un barbier membre de la caste ... des barbiers, qui n’est donc pas la plus haute ; celle-ci est celle des brahmines). Quant aux femmes voilées qui balaient les rues, elles sont effectivement de la caste la plus basse. Il est très difficile d’échapper au destin fixé par l’appartenance à une caste. Notre compagnon barbier nous explique que s’il voulait se rendre très loin, ailleurs, en Inde, pour changer de métier, si l’on découvrait sa caste d’origine, il se faisait vite exclure du métier en question. Or il semble que l’appartenance à une caste puisse être simplement trahie par telle ou telle syllabe du nom de famille.

Nous dînons à notre tour, sur le toit, dans de grandes assiettes en plastique et avec les mains, comme il se doit (la main droite uniquement, la gauche est dévolue à d’autres fonctions).

Depuis mon aventure avec les Bhopas, ma rencontre avec les responsables de Fior di Loto, tout ce que j’apprends peu à peu sur l’Inde, l’hindouisme, la condition des femmes, la rigidité des castes, mon regard sur l’Inde s’approfondit. En dépit de la volonté explicite du gouvernement pour, par exemple, mettre fin au sort fait aux filles et aux femmes ou la loi des castes, je m’aperçois qu’il faudra encore du temps avant que les choses changent vraiment. Les principe religieux et les coutumes ancestrales sont profondément enracinés. Et malgré tout, il a ici, et partout, les rires des enfants, la cordialité, la franchise. “L’Inde” est décidément riche, complexe ; mélange détonnant des contrastes les plus extrêmes. Mais je m’attache de plus en plus à ce pays/continent et à ses habitants.


28 janvier - Rires des fleurs de lotus











A 10h, je retrouve comme prévu, de l’autre côté de la ville, au Sunset Café, Raju, le Brahamine, pour la puja. Assis à la terrasse du Sunset, face au lac, je le vois arriver, tout de blanc vêtu, la serviette rouge soigneusement pliée en écharpe, sur l’épaule.


Il prend tout son temps pour me faire faire la puja, sorte de rituel de bénédiction pour le pélerin et sa famille. Les hindous se plongent dans les bassins (ou le lac) car l’eau est supposée promettre une bonne santé. Raju m’explique patiemment diverses choses sur sa religion ; que Pushkar est la ville de Brahama (le “dieu” créateur de la trinité hindoue), une autre ville est dédiée à Vishnu et une troisième, Bénarès, à Shiva, déité de la destruction (qui détruit pour recommencer). Et d’autres informations telles que celles-ci : sur les 18 000 habitants que comptent la ville de Pushkar, 2000 sont brahmines. Et les seuls revenus d’un brahmine sont les offrandes. Que les vrais sadhous ne traînent pas en ville mais vivent, très solitaires, dans les montagnes.

La puja dure longtemps, le rituel est très esthétique et symbolique. Je ne suis pas trop surpris d’entendre dans les demandes aux dieux qu’ils me donnent, outre la bonne santé, un “good job” et un “good business”. L’argent n’est vraiment pas un tabou. Avec lui je prie pour tous les membres de ma famille : enfants, femmes, parents et grands-parents ; répète les mantras ; puis nous jetons à l’eau les pétales de rose.

La puja finie, je retrouve Deepu.


Nous partons à moto (c’est encore mon brahmine, Raju, qui a chaussé une paire de lunettes de soleil pour l’occasion, qui me pilote) pour une séance photos à l’école de la fondation. Lors d’une discussion avec Deepu, j’ai proposé de leur faire autant de photos qu’ils le souhaitent pour leur site Web ou tout autre usage qu’ils voudraient - et Kam m’avait dit la veille au soir qu’ils cherchaient justement un photographe. Ils avaient décliné la proposition d’un précédent photographe (Français, du reste) qui demandait 500 euros pour un tel travail.


Lorsque nous arrivons, l’heure du repas s’achève. Joyeuse excitation des enfants devant l’objectif photo ... Je rencontre la directrice, des professeurs. La directrice actuelle va se marier et doit, par conséquent, arrêter son travail. Prochainement. Ces enfants sont comme tous les enfants du monde, avec quelque chose en plus et quelque chose en moins. Dans certaines classes, on est assis par terre. L’école, en cette saison, commence à 7h du matin et finit à 14h car après, il fait trop chaud.


L’école proprement dite occupe une partie de ce qui, en fait, est un temple, et cette partie des bâtiments est louée à la Fondation. Mais sachant que celle-ci est financée, pour une bonne part, par des occidentaux, les responsables du temple ont tendance à augmenter les loyers.

Je reviens vers 13h00 pour une deuxième séance photos ; je veux assister à la leçon de “computer” (j’ai déjà pris tellement de photos que je dois les télécharger sur mon ordinateur). L’école dispose de quelques ordinateurs mais ils sont soigneusement enfermés par peur des vols. Ce jour-ci, le cours se donne sans ordinateur. Chaque élève dispose d’un cahier imagé expliquant l’informatique et le fonctionnement, je pense, de Windows. La professeur donne le cours en lisant son propre cahier du maître. J’ai quelques difficultés à me faire oublier des enfants ... la prise de photo est, une fois de plus, un régal. Attitudes des enfants, sourires, rires, espiègleries, couleurs, ...

Je passe ainsi dans quelques classes, m’assied dans le fond pour me faire oublier autant que possible des enfants et déranger le moins possible le cours.

Chaque élève dispose de son cartable et de toute le matériel nécessaire ainsi que d’un petit récipient en alu, fermé, pour son repas de midi.




A 14h, lorsque le minibus embarque les enfants pour les ramener dans leurs villages, je décide de monter à bord.


Ambiance. Minibus bondé (je suis le dernier d’une main en prenant des photos de l’autre. Trafic, klaxons, vaches, vélos, ... Peu à peu les enfants descendent.


Le minibus revient à l’école pour une seconde tournée, dans un autre village. Il y a alors un peu moins d’enfants et je peux m’asseoir à l’avant. J’ai ainsi tout le loisir de découvrir encore un peu mieux qu’avec mes gypsies à moto le désert environnant. Tentes de gypsies effectivement, petites maisons, hutes, maisons que l’on qualifierait de “bourgeoises”, cultures, ... La conduite est hallucinante. A gauche en principe mais en réalité, une fois à gauche, une fois à droite, selon le mouvement d’une vache, d’un vélo, d’une charette, d’un autre bus en face qui fait un dépassement, etc.


Ayant déposé ces derniers élèves, je m’assied à côté du jeune et sympathique chauffeur. Tout à coup il s’arrête sur un chemin de terre, descend de son char et monte sur le toit, juste sous un arbre. Il en redescend au bout de quelques instants avec une grosse poignée de boules vertes, comme de gros petits poids. Il me fait goûter ; “très bon pour la santé” m’affirme-t-il. Quelques minutes plus tard, il charge 3 paysannes en saris multicolores, femmes d’un âge plus qu’avancés. Avec leur grosse corbeille, elles se rendent à petit marché local. Je demande bien sûr à les photographier mais pour le visage, c’est non. Rire. Elles m’offrent alors une grosse poignée de gros haricots ; le chauffeur tente de m’expliquer et de me montrer - tout en roulant - comment les ouvrir. Finalement j’y arrive. Je remarque alors les mains et les bijoux extraordinaires de ces dames : photos, re-rires. Elles ne m’ont bien sûr demandé aucun roupie.

De retour, je vais me prélasser 2h au soleil de la guesthouse.

A longueur de journée, j’ai mon appareil photo prêt. Il faut être sur un qui-vive permanent ... à chaque minute il se passe quelque chose. Je n’ose pas compter le nombre de photos que j’ai faites jusqu’à ce jour. Sans doute entre 2 et 3000.


mercredi 27 janvier 2010

27 janvier - Bhopa happy end ... & New page ...











Je commence cette journée avec une petite appréhension. Tout ce que m’a expliqué Laurent hier soir sur les réseaux d’escroquerie semble se confirmer ; or Rampaji m'a invité à dîner à son "camp" et je ressens un malaise.

Mais tout d’abord, je commence ma journée, après un tchaï avec Rampaji, en retournant faire des photos dans la même école que hier.

Puis je me risque dans un dispensaire pour une petite plaie au pied (causée par mes tongs à 2 euros). Très bonne expérience !


Après le déjeuner, je contacte le responsable de la fondation “Fior di Loto” (fleur de lotus). Retenez ce nom et déjà, sans hésiter, visitier leur website :

Le responsable de l’organisation, Deepu, me répond et me fixe rendez-vous tout de suite au Sunset Café, fantastique hôtel restaurant le long du lac. Il porte bien son nom puisque c’est le meilleur endroit pour apprécier le coucher de soleil.

Je m’y rends immédiatement et m’installe en bordure de terrasse, mais intérieur, et face au lac, aux ghats, aux montagnes. Je commande un “black cofee” et j’attends. L’attente se prolongeant, je commence à faire des photos. J’assiste à des scènes extraordinaire et, équipé d’un téléobjectif, je fais du vrai boulot de paparazzi ... un régal.







Au bout de 1h30 environ, n’ayant pas vu Deepu dont je me dis qu’il a dû être retenu en dernière minute, je rentre à mon hôtel. Mais en passant, je téléphone à Deepu. Il était au sunset mais ... en terrasse extérieur, à une extrémité ... D’une voix étonnament douce et comme s’il n’avait rien d’autre à faire, il dit m’envoyer quelqu’un à moto, à la guesthouse ; il m’attend au Sunset. Effectivement, quelques minutes plus tard, le motard en question arrive. Traversée de tout la ville (par l’unique “main street” des boutiques) jusqu’au sunset. Je rencontre Deepu. Il est Brahmine mais il est le responsable, en Inde, de la Fondation Fior di Loto.

Je lui explique ce que je vis avec Ramapji qui me demande de plus en plus d’argent, des tentes, le financement des études de ses enfants mais je lui expose mes perplexités. Et mes craintes sont alors bien confirmées, il y a arnaque totale. Néanmoins, j’avais fixé rendez-vous à Rampaji à 17h ; il m’avait invité à dîner dans son “campement” (Deepu me dit qu’ils ont, en fait, des maisons mais font venir les touristes dans mon genre dans ce pseudo-camp). Je suis très sensible à la situation des enfants de Rampaji ; Deepu me propose de le rencontrer dans le bureau de la Fondation, au centre ville. Je vais chercher Rampaji là où nous nous étions fixé rendez-vous. J’espère que Rampaji acceptera de faire scolariser ses enfants dans l’école dirigée par Fior di Loto et non dans l’école privée qu’il me proposait. Car j’apprends qu’en fait, l’escroquerie est la suivante : un gypsy emmène un touriste préalablement bien manipulé, sur le plan émotionnel (ainsi que me l’avait expliqué Laurent la veille) à cette école et lui demande de financer la scolarité d’un ou plusieurs de ses enfants. Si le touriste accepte, la directrice et le gypsy se partagent, en fait, le montant. Et aucun enfant n’est scolarisé.

J’avais senti venir le problème. Car lors de ma rencontre, hier, avec la directrice, j’étais surpris qu’elle me demande de payer cash ; j’étais surpris aussi qu’il soit encore possible de réinscrire des enfants en février alors que, en Inde - elle venait de me l’expliquer - les congés d’été commencent en mai. Et d’autres détails, les dernières 48h, m’avaient laissé perplexes.

Je retrouve donc Rampaji à 17h ; il est accompagné de l’un de ses fils, 10 ans environ, que j’aime beaucoup. Il accepte de se rendre avec moi dans le bureau de Deepu. Deepu et lui s’expliquent en hIndi et je sens le malaise, énorme, de mes camarades gypsys. Toutes les craintes sont confirmées, de vive voix, par Rampaji : il possède effectivement une maison ; il n’a pas besoin de tentes ; et finalement, et malgré mes demandes, il refuse de scolariser ses enfants dans la Fondation. Son choix est de continuer son petit business. Rampaji sort du bureau. Je me sens très triste de sa décision ; j’ai même interpelé son fils sur ce qu’il voulait, lui. Mais rien à faire.


Tout à coup, je me sens libéré, en dépit de ma tristesse, d’un poids énorme. Effectivement, j’étais victime, depuis 3 ou 4 jours, d’une subtile et puissante manipulation émotionnelle. J’avais beau tenté de résister, c’était très difficile. Mais comme me le disait Laurent hier soir, il y a toujours, chez “l’escroc”, un détail qui tue et le trahit. En l’occurence, j’avais remarqué, il y a 2 jours, que Rampaji portait des chaussures flambant neuves ...

Et, hier, comme je le pressais de questions pour comprendre le fonctionnement de sa vie dans le camp, je sentais sa gêne à répondre.

Je m’abstiendrai de certains jugements moraux, trop spontanés chez les occidentaux. Kam d’ailleurs me dira elle-même à quel point sont riches les traditions culturelles des “gypsys” indiens (mais le terme “gypsy” est totalement anachronique, c’est un terme importé d’Occident). Du reste, l’origine des Roms est ... indienne !

Deepu me met alors en contact avec Kam ; c’est une indienne de Pushkar mais qui vit 6 mois de l’année en France où elle est chargée de faire connaître l’association. Nous prenons rendez-vous pour le dîner.

Après cette rencontre dans le bureau de Deepu, je lui consacre ... une petite séance photo-portraits. Puis je me rends, soulagé, sur les ghats. Et là, pour la première fois depuis que je suis à Pushkar, je réalise que je ne me suis pas encore arrêté pour contempler cet endroit magique ... et j’en profite un maximum. Repos ; concert de Drums face au lac et au coucher de soleil ... photos ... je goûte pleinement la poétique des lieux, enfin.


Mieux même : Deepu, Brhamine authentique - authentiquement spirituel et généreux - me propose de me faire faire une Puja par un de ses amis Brahmines ... qui n’est autre que le motard qu’il avait envoyé pour me ramener au Sunset ... Deepu m’explique que les Brahmines, effectivement, n’ont pour seul salaire que ce que les pélerins leur donnent. Mais qu’il y a, aussi, beaucoup d’abus. Il me garantit qu’avec son confrère, je donne absolument ce que je veux. Je respire .... et rendez-vous est pris pour demain 10h pour une authentique Puja, enfin ...

Ah, et j’oubliais : je passerai une partie de la journée ... dans l’école de Fior di Loto pour y faire ... des photos !

Le soir, comme prévu, je retrouve Kam ; elle aussi envoie un motard me prendre à mon hôtel ! Elle habite à la sortie de la ville. Je découvre ... un merveilleux petit atelier de bijoux (photos ...) ; Kam et moi faisons connaissance. Elle m’explique l’historique de la Fondation et mille autre choses impossibles à retranscrire. Mais j’apprends entre autre que le genre d’escroquerie dont j’ai été victime se développe. Les gypsies, qu’elle respecte profondément, se sont sédentarisés et, avec le boum économique, tente par tous les moyens de tirer leur épingue du jeu, d’autant plus que, comme pour les bhopas notamment, leurs vieilles et riches traditions ne leur rapporte plus ; elle me parle de la condition atroce des femmes, bébé, jeunes filles, filles, femmes mariées (on tue encore des bébés filles dans les villages ; une jeune fille violée est assassinée par sa propre famille, etc.). D’où l’audace extraordinaire de la fondation Fior di Loto, ainsi que me le résumait Deepu : “Je veux que ces jeunes filles deviennent médecin, avocat, docteurs, ...”. Une révolution.

Je dîne donc chez Kam et j’ai ainsi la chance de voir l’habitat d’une personne que j’estime de la classe moyenne. Pour l’apprenti space designer que je suis, c’est très instructif ...

Kam et moi avons prévu de nous revoir prochainement en Avigon où elle réside.

Je me sens vraiment libéré ce soir. Et le programme que je m’étais fait pour les 2 prochains jours est ... une fois de plus modifié ... à suivre au prochain numéro ...


mardi 26 janvier 2010

26 janvier - Dancing for Independance day











Il s’était décidé hier que j’irais visiter une école et prendre des photos. J’ai réalisé que c’était “Independance day” et donc je me demandais ce que et qui j’allais pouvoir rencontrer. Finalement, en arrivant - guidé par Rampaji - dans cette petite école, dans une ruelle étroite, j’entends de la musique. La directrice nous reçoit ; je commence par lui demander de m’expliquer quelque peu le système scolaire (calendrier, frais de scolarité, etc ; nous sommes dans une école privée). Nos anglais approximatifs respectifs ne me permettent pas de tout saisir de ces explications ; et je sens qu’elle a d’autres choses à faire. Elle m’invite alors à la suivre et nous escaladons les escaliers étroits et obscurs ; la musique se fait de plus audible et je commence à entre la voix des enfants. Tout à coup, surprise : nous arrivons sur le toit où tous les enfants, en uniformes et, pour certains, en grande tenue de danse, sont regroupés pour faire la fête. La directrice me fait asseoir sur l’unique fauteuil du toit - son fauteuil à elle, je suppose. Et le spectacle commence. Durant plus de 30 minutes, des enfants, des filles pour la plupart mais aussi un garçon, se mettent à danser sur une musique indienne très rythmée. Un régal ... En réalité, le jour de la fête nationale, tous les enfants vont à l’école mais pour des activités de prière et de danse. Je retournerai à l’école demain pour photographier les enfants ... au travail.

Une association d'origine espagnole vient en aide à la scolarisation des filles pauvres de cette région. Cette association ayant un bureau à Pushkar même, je prendrai contact avec eux. Car Rampaji me dit ne plus être en mesure de payer les études de 3 de ses enfants - et effectivement, compte tenu du salaire, les frais de scolarité (uniforme et photocopies inclus), ce n'est pas donné; j'aimerais donc en savoir plus et, peut-être, passer le relais.



(Je garde les meilleures photos pour la soirée "India" que je projette à mon retour .... :-))


Après un bon déj’ chez Nizam, sieste au soleil. Comme c'est un jour de congé national, il y a plus de monde sur les ghats pour les rituels. Depuis ma terrasse, je shoote pendant un long moment.


Puis je me remets en route ; je souhaite en savoir un peu plus sur le “biznes” à l’indienne et j’entre chez un boutiquier revendiquant des écharpes et autres "100% pure soie". Je n’étais pas là pour acheter mais il me sort toute sa marchandise (fabrication maison) ; il a son propre atelier, exporte un peu partout (il me montre fièrement l’ensemble des cartes de visites de ses exportateurs). C’est direct, cash. Le busines, en Inde, c’est presque sacré.


Au bout d’un moment de conversation, il enlève un tissu recouvrant un moniteur et o, stupeur, j’assiste en direct au visionnement des travailleuses (tiens, ici, ce sont des femmes). Vidéo surveillance ? Marketing ? Prolongeant la discussion, et commençant à en apprendre sur les tarifs de soie pure, je commence à me demander pour quel salaire dérisoire ces femmes travaillent. En soirée, chez Nizam toujours, je rencontre Laurent, photographe et vidéaste de Cahors, qui me confirment que derrière le décor il y a des coulisses et que les villageois (hommes, femmes et enfants) alentours sont largement exploités. Le salaire mensuel d’un enfant saisonnier dans un hôtel est de 1000 roupies (env. 18 euros). Un professeur gagne officiellement 10 000 roupies. Dès mon premier jour ici j'avais appris que la ville était ceinturée par des dizaines (sinon plus) de "factories" où les villageois du désert viennent travailler. Combien gagne cette femme d'au moins 60 ans qui balaie continuellement la guesthouse dans son si beau sari, demandant, dès qu'elle le peut, quelques roupies (je n'ai accepté de le faire qu'en échange de quelques photos d'elle) ? Et celles qui balaient régulièrement - voilées - les rues de Pushkar ? "L'Inde", en tout cas, travaille dur et sans trop de scrupules, semble-t-il. L'argent n'y est pas moins adoré que les dieux - ainsi que me l'expliquera Laurent qui s'intéresse de près à ces réalités. Et c'est en même temps une "amérique" où tout reste à faire, ce qui explique le dynamisme des entrepreneurs.


Laurent me donne pas mal d’idées d’endroits à visiter. Il me confirme que la crise frappe l'Inde et surtout dans les endroits touristiques où pas mal de prix (des hôtels, notamment, sont en chute). Il m’emmène découvrir le meilleur restaurant à buffet de la ville et, effectivement, je ne suis pas déçu (et outre le buffet à volonté pour 1 euro environ, une assiette d’excellentes frites en sus). Et dans un jardin à l’africaine (pour moi) de surcroît en cette douce soirée. Laurent m’explique comment faire pour aller à la rencontre des gens “autres” que les boutiquiers - ce que je cherche à faire depuis quelques temps mais ne savais comment. Je tenterai ça demain ... D’autres Indes encore émergent peu à peu. L'Inde en tout cas ne se limite pas aux cartes postales magnifiques de safran et de rose de nos mémoires ; Indes multiples ...


lundi 25 janvier 2010

25 janvier - Pushkar Factory
















Les jours se suivent et ne se ressemblent pas ...

L’essentiel de ma journée a été “allumée” par un shoot dans une “factory” de vêtements à Pushkar. Flor y fait produire une partie de ces vêtements ; elle m’a proposé de l’accompagner et ... j’ai proposé de faire des photos. Dément ... Au fur et à mesure, les travailleurs (car en Inde, coudre est un métier d’hommes), les uns et les autres m’appelaient pour que je les prennent en photo.

Outre qu’on enlève ses chaussures en entrant dans la “factory” et que l’encens vient de brûler dans le bureau du top manager (adorable et sacrément pro ...), l’ambiance ici est étonnante de calme et de travail. Il y a ici, comme dans la rue, une telle spontanéité, une cordialité, une facilité de contact ... (ça change du métro parisien où chacun voyage comme s’il était seul au monde).

Après ce shoot, soleil sur la terrasse, électric café et saveurs de chez Nizam, long déj' avec Valérie avec qui nous parlons de ... l'Inde et de voyages. Et en fin de journée, un bon tchaï, seul à seul, avec Rampaji, de la caste Bhopa (à suivre ...)

Factory "Natural World", quelques photos donc ...