dimanche 17 janvier 2010

17/01 apocalypse market



Lever moins tardif ; petit déj délirant à l’hôtel : je demande 2 oeufs et effectivement ils finissent par arriver, oeufs mi-durs, tout nus, rachitiques, sans toast. Et le “room service” n’a pas compris que je souhaitais un café sans lait. Et je confond le sucre avec le sel... Je m’en vais donc à la German Bakery pour un frugal brunch (le “black cofee” y est nettement plus cher mais l’avantage est de pouvoir y sortir son ordi. Surtout, c’est un endroit clos, dans une ruelle perpendiculaire. Il y fait donc un peu moins froid qu’ailleurs en ce jour sans soleil, d’une fraicheur humide et qui s’infiltre partout (enroulé dans mes couvertures ce soir, j’ai un peu froid). Le fog recouvre la ville.


Me dirigeant vers la german backery, un tout jeune cireur de chaussure au sourire très craquant me propose ses services. Je résiste mollement ... "combien ?" - "What you want". Dans ces conditions ... Me cire généreusement les chaussures, refait une couture, remplace les les semelles intérieures (je ne suis pas sûr qu'elles soient de première main) puis me réclame 300 rps ... que je négocie à 250... tant mieux pour lui.

Je décide l’aventure du Old Delhi. Embarquement, après petite négociation sur un discount, avec le pilote d’hélicoptère. Je m’arrête tout d’abord à la grande mosquée.


ama Masjid, mosquée du vendredi, une des plus grandes du monde. “C'est, avec le fort rouge, la plus importante construction moghole d'Old Delhi. On la doit à Shah Jehan qui s'intéressait visiblement plus aux grands monuments qu'aux affaires politiques courantes. La mosquée de Delhi reprend le plan articulé autour d'une grande cour centrale instauré près de mille ans plus tôt par les omeyyades à Damas, et développé en Asie Centrale et en Iran. Elle se distingue toutefois de ce type de mosquée urbaine par le fait qu'elle est surelevée par rapport au niveau de la rue. Deux escaliers permettent d'y accéder, l'un du côté nord, pour ceux qui viennent de Chandni Chowk, l'autre du côté sud, pour ceux qui viennent du quartier du restaurant Karim's. Une fois là haut, on se déchausse.”


Je prends quelques photos - l’entrée dans la mosquée est gratuit mais il faut payer 200 rps pour avoir le droit de photographier.



De là, coups de pédales jusqu’au Fort Rouge. endroit réputé magnifique pour son architecture, les perspectives et jardins suspendus, rêve pour un architecte .... Cet ensemble fortifié construit sur une éminence dominant la ville était le lieu de résidence des sultans et de leur cour.

l’artère, grand marché affolant que je me promets de visiter.


En passant, j’aperçois à ma gauche, le long de l’artère qui joint la mosquée et le Fort rouge, une sorte de vaste hangard surmonté d’une pancarte signalant un marché tibétain, en plein “sundy market”. Je décide d’y aller faire un tour également après la visite du fort.

Arrivée au Fort Rouge dans un tintamarre assourdissant et un balai chaotique de véhicules de tous genres. Une queue interminable sur l’esplanade face à l’entrée. Je ne m’y attarde pas, pensant y revenir plus tard et surtout ... plus tôt. Une souriante japonaise me montre où acheter les billets en me faisant remarquer que les Indiens accèdent au Fort pour 15 rps et les étrangers, pour 250. Je ne m’attarde pas. Mais je décide de rebrousser chemin à pied pour me noyer dans le “sunday market”. Le marché le plus indescriptible que j’ai jamais vécu ... des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes. Des tuktuk, des ricshaws, des charettes d’un autre temps, des hommes et femmes portant des sacs immenses. Une foule compacte et très vivante, achetant, vendant, mangeant, buvant tout le long de l’artère ; des centaines de marchands à même le sol pour toutes sortes de fournitures, vêtements simplement entassés par terre. Complètement étourdissant. Je photographie beaucoup. La plupart des gens se laissent photographier ou me le demandent spontanément ; je leur montre alors la photo prise, ils s’amusent. Eh, oui, on sourit et on rit beaucoup. Le sunday market s’étend sur des centaines de m2, des centaines de mètres le long de l’artère et derrière, dans d’autres rues et terrains où sont plantés des campements de misère.






Je suis à la recherche du marché tibétain ; je ne le trouve pas, je repars en sens inverse. A tout hasard, je prends sur ma gauche une rue survoltée de vendeurs et d’acheteurs. Depuis plus d’une heure je n’ai pas vu un seul occidental et il en sera ainsi pratiquement jusqu’au bout. Finalement et par hasard, voilà mon marché tibétain. Ambiance moins survoltée, très calme même. Je suis frappé par la sérénité des visages et la beauté de certains visages de femmes aux tenues très soignées. Photos ... avec, pour certaines, beaucoup d’humour.

Toujours à pied, je remonte l’artère en direction du fort pour arriver à C ; l’une des artères importantes de Delhi, un peu les champs-Elysées. Des bâtiments officiels. Mais cette artère est le nerf principal du souk proprement dit que contient Old Delhi. Même ambiance que sur le sunday market. On avance difficilement. De là, sur la gauche, s’enfoncent un labyrinthe de ruelles flanquées d’échopes. En ce dimanche, la plupart sont fermées mais l’ambiance n’en est que plus étrange et le calme est frappant. Seules quelques échopes de tissus sont ouvertes ; tissus riches, familles assis au sol. Je suis à la recherche d’un temple Jaïn dont j’ai lu quelque chose sur le Web, je m’enfonce dans le souk lui-même, je me perds un peu dans les ruelles étrangement vide (n’était les motards à tout allure et autres tuktuk, là du moins où ils peuvent passer).

Je reviens au fort où j’avais aperçu un autre temple jaïn. Mais Il s’agissait en fait ... d’un hôpital pour oiseaux. J’enlève néanmoins mes chaussures (les Jaïns sont extrêmement stricts sur l’hygiène).

Complètement étourdi et assommé par le vacarme, l’agitation, la cohue, le stress de ce marché et de ces rues bondées, je décide de rentrer au Main Bazar. A côté de la fureur du sunday market, le main bazar m’apparaît calme comme un dimanche matin.

De Chandni Chowk, j’ai trouvé cette très juste présentation sur le oueb :

Les Champs Elysées d'Old Delhi. Cette artère rectiligne dans la perspective du Fort Rouge est l'épine dorsale d'un ensemble urbain de bazars tracé sur ordre d'une des filles du célèbre Shah Jehan, à qui l'on doit le Taj Mahal. Sur un plan de la ville, Chandni Chowk paraît être un endroit très ordonné, l'équivalent, en moins vaste, du Raj Path de New Delhi. La réalité sur le terrain est tout autre. Raj Path, c'est la logique du vide, on n'y voit strictement rien (ni personne), Chandni Chowk, c'est la logique du plein. Un endroit saturé de tout. Des rickshaws, des chars à boeufs, des piétons, des marchands ambulants, des saddhus, des prêtres jains qui balaient l'entrée d'un temple et des mendiants adeptes du libre service qui ont leurs mains dans vos poches. Lorsqu'on est immergé dans cet endroit on ne sait pas ou poser les pieds. Ce plein est aussi sonore, avec les tintamarres de klaxons et les marchands qui ne cessent de vous interpeller, et visuel avec toutes les echoppes colorées, les façades décrépies couvertes d'enseignes clinquantes, de panneaux publicitaires et d'affiches de productions bollywoodiennes. Sur un immeuble miteux, on voit le nom de la Columbia Tristar Pictures (agents for India)! Parfois, il y a des exceptions, des trous, des lieux un peu moins saturés, comme tel temple jain, un temple sikh, ou la façade monumentale à colonnes d'une banque qui occuppe un ancien palais du XVIIIe siècle.

Depuis Chandni Chowk, des ruelles étroites s'engouffrent vers les bazars spécialisés de la ville. Contrairement aux apparences, ce chaos est parfaitement organisé. La structure d'Old Delhi est proche de celle des villes arabes. Un axe principal, le grand souk, desservi par des transversales qui sont des souks ou bazars secondaires. Nous sortons de Chandni Chowk pour entrer dans un de ces bazars, sur la gauche (le fort rouge est derrière nous). C'est celui des bijoutiers. Un interminables marché de l'or ou les parures rutilantes remplissent les vitrines des echoppes. On trouve, non seulement des bijoux, mais également tous les accessoires ayant un rapport avec la bijouterie (supports de vitrine, outillage, etc.). Autrement dit, les bijoutiers vendent et achètent. Toujours un souci d'exhaustivité. L'Inde est un des plus grands consomateurs d'or au monde. Les familles indiennes se doivent de fournir à leur fille une dot composée de parures d'or. Les bijoux d'une femme, c'est pratiquement tout ce qu'elle possède, son capital. Qui dit bijoux dit mariage. Ça tombe bien. Depuis le marché de l'or, une perpendiculaire descendant sur la droite (en venant de Chandni Chowk) ouvre sur Kinari Bazar, le marché des articles pour mariages. Bienvenue dans le royaume du kitsch et des couleurs. A Kinari Bazar, vous trouverez tout ce que l'orient produit comme vêtements et accesoires bariolés: robes de mariées (et autres vêtements de cérémonies), luminaires, guirlandes, ça scintille de partout, c'est noel toute l'année. On est pris dans un tourbillon, on ne sait plus ou regarder. Vers le ciel? En levant les yeux on aperçoit les poteaux et les cables electriques tissés dans un enchevêtrement tellement impossible qu'on se demande comment tout celà continue à fonctionner?

(www.baronbaron.com)


Fin de journée. Je me remets de cet après-midi apocalyptique - mais riche en photos - dans un petit resto bar de main bazar, et je m’assieds dans le fond pour être en paix. Avec un bon thali (plat vétégarien) et la lecture d’un livre sur l’art indien. Enfin, un peu de calme.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire