samedi 30 janvier 2010

28 janvier - Rires des fleurs de lotus











A 10h, je retrouve comme prévu, de l’autre côté de la ville, au Sunset Café, Raju, le Brahamine, pour la puja. Assis à la terrasse du Sunset, face au lac, je le vois arriver, tout de blanc vêtu, la serviette rouge soigneusement pliée en écharpe, sur l’épaule.


Il prend tout son temps pour me faire faire la puja, sorte de rituel de bénédiction pour le pélerin et sa famille. Les hindous se plongent dans les bassins (ou le lac) car l’eau est supposée promettre une bonne santé. Raju m’explique patiemment diverses choses sur sa religion ; que Pushkar est la ville de Brahama (le “dieu” créateur de la trinité hindoue), une autre ville est dédiée à Vishnu et une troisième, Bénarès, à Shiva, déité de la destruction (qui détruit pour recommencer). Et d’autres informations telles que celles-ci : sur les 18 000 habitants que comptent la ville de Pushkar, 2000 sont brahmines. Et les seuls revenus d’un brahmine sont les offrandes. Que les vrais sadhous ne traînent pas en ville mais vivent, très solitaires, dans les montagnes.

La puja dure longtemps, le rituel est très esthétique et symbolique. Je ne suis pas trop surpris d’entendre dans les demandes aux dieux qu’ils me donnent, outre la bonne santé, un “good job” et un “good business”. L’argent n’est vraiment pas un tabou. Avec lui je prie pour tous les membres de ma famille : enfants, femmes, parents et grands-parents ; répète les mantras ; puis nous jetons à l’eau les pétales de rose.

La puja finie, je retrouve Deepu.


Nous partons à moto (c’est encore mon brahmine, Raju, qui a chaussé une paire de lunettes de soleil pour l’occasion, qui me pilote) pour une séance photos à l’école de la fondation. Lors d’une discussion avec Deepu, j’ai proposé de leur faire autant de photos qu’ils le souhaitent pour leur site Web ou tout autre usage qu’ils voudraient - et Kam m’avait dit la veille au soir qu’ils cherchaient justement un photographe. Ils avaient décliné la proposition d’un précédent photographe (Français, du reste) qui demandait 500 euros pour un tel travail.


Lorsque nous arrivons, l’heure du repas s’achève. Joyeuse excitation des enfants devant l’objectif photo ... Je rencontre la directrice, des professeurs. La directrice actuelle va se marier et doit, par conséquent, arrêter son travail. Prochainement. Ces enfants sont comme tous les enfants du monde, avec quelque chose en plus et quelque chose en moins. Dans certaines classes, on est assis par terre. L’école, en cette saison, commence à 7h du matin et finit à 14h car après, il fait trop chaud.


L’école proprement dite occupe une partie de ce qui, en fait, est un temple, et cette partie des bâtiments est louée à la Fondation. Mais sachant que celle-ci est financée, pour une bonne part, par des occidentaux, les responsables du temple ont tendance à augmenter les loyers.

Je reviens vers 13h00 pour une deuxième séance photos ; je veux assister à la leçon de “computer” (j’ai déjà pris tellement de photos que je dois les télécharger sur mon ordinateur). L’école dispose de quelques ordinateurs mais ils sont soigneusement enfermés par peur des vols. Ce jour-ci, le cours se donne sans ordinateur. Chaque élève dispose d’un cahier imagé expliquant l’informatique et le fonctionnement, je pense, de Windows. La professeur donne le cours en lisant son propre cahier du maître. J’ai quelques difficultés à me faire oublier des enfants ... la prise de photo est, une fois de plus, un régal. Attitudes des enfants, sourires, rires, espiègleries, couleurs, ...

Je passe ainsi dans quelques classes, m’assied dans le fond pour me faire oublier autant que possible des enfants et déranger le moins possible le cours.

Chaque élève dispose de son cartable et de toute le matériel nécessaire ainsi que d’un petit récipient en alu, fermé, pour son repas de midi.




A 14h, lorsque le minibus embarque les enfants pour les ramener dans leurs villages, je décide de monter à bord.


Ambiance. Minibus bondé (je suis le dernier d’une main en prenant des photos de l’autre. Trafic, klaxons, vaches, vélos, ... Peu à peu les enfants descendent.


Le minibus revient à l’école pour une seconde tournée, dans un autre village. Il y a alors un peu moins d’enfants et je peux m’asseoir à l’avant. J’ai ainsi tout le loisir de découvrir encore un peu mieux qu’avec mes gypsies à moto le désert environnant. Tentes de gypsies effectivement, petites maisons, hutes, maisons que l’on qualifierait de “bourgeoises”, cultures, ... La conduite est hallucinante. A gauche en principe mais en réalité, une fois à gauche, une fois à droite, selon le mouvement d’une vache, d’un vélo, d’une charette, d’un autre bus en face qui fait un dépassement, etc.


Ayant déposé ces derniers élèves, je m’assied à côté du jeune et sympathique chauffeur. Tout à coup il s’arrête sur un chemin de terre, descend de son char et monte sur le toit, juste sous un arbre. Il en redescend au bout de quelques instants avec une grosse poignée de boules vertes, comme de gros petits poids. Il me fait goûter ; “très bon pour la santé” m’affirme-t-il. Quelques minutes plus tard, il charge 3 paysannes en saris multicolores, femmes d’un âge plus qu’avancés. Avec leur grosse corbeille, elles se rendent à petit marché local. Je demande bien sûr à les photographier mais pour le visage, c’est non. Rire. Elles m’offrent alors une grosse poignée de gros haricots ; le chauffeur tente de m’expliquer et de me montrer - tout en roulant - comment les ouvrir. Finalement j’y arrive. Je remarque alors les mains et les bijoux extraordinaires de ces dames : photos, re-rires. Elles ne m’ont bien sûr demandé aucun roupie.

De retour, je vais me prélasser 2h au soleil de la guesthouse.

A longueur de journée, j’ai mon appareil photo prêt. Il faut être sur un qui-vive permanent ... à chaque minute il se passe quelque chose. Je n’ose pas compter le nombre de photos que j’ai faites jusqu’à ce jour. Sans doute entre 2 et 3000.


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