mercredi 27 janvier 2010

27 janvier - Bhopa happy end ... & New page ...











Je commence cette journée avec une petite appréhension. Tout ce que m’a expliqué Laurent hier soir sur les réseaux d’escroquerie semble se confirmer ; or Rampaji m'a invité à dîner à son "camp" et je ressens un malaise.

Mais tout d’abord, je commence ma journée, après un tchaï avec Rampaji, en retournant faire des photos dans la même école que hier.

Puis je me risque dans un dispensaire pour une petite plaie au pied (causée par mes tongs à 2 euros). Très bonne expérience !


Après le déjeuner, je contacte le responsable de la fondation “Fior di Loto” (fleur de lotus). Retenez ce nom et déjà, sans hésiter, visitier leur website :

Le responsable de l’organisation, Deepu, me répond et me fixe rendez-vous tout de suite au Sunset Café, fantastique hôtel restaurant le long du lac. Il porte bien son nom puisque c’est le meilleur endroit pour apprécier le coucher de soleil.

Je m’y rends immédiatement et m’installe en bordure de terrasse, mais intérieur, et face au lac, aux ghats, aux montagnes. Je commande un “black cofee” et j’attends. L’attente se prolongeant, je commence à faire des photos. J’assiste à des scènes extraordinaire et, équipé d’un téléobjectif, je fais du vrai boulot de paparazzi ... un régal.







Au bout de 1h30 environ, n’ayant pas vu Deepu dont je me dis qu’il a dû être retenu en dernière minute, je rentre à mon hôtel. Mais en passant, je téléphone à Deepu. Il était au sunset mais ... en terrasse extérieur, à une extrémité ... D’une voix étonnament douce et comme s’il n’avait rien d’autre à faire, il dit m’envoyer quelqu’un à moto, à la guesthouse ; il m’attend au Sunset. Effectivement, quelques minutes plus tard, le motard en question arrive. Traversée de tout la ville (par l’unique “main street” des boutiques) jusqu’au sunset. Je rencontre Deepu. Il est Brahmine mais il est le responsable, en Inde, de la Fondation Fior di Loto.

Je lui explique ce que je vis avec Ramapji qui me demande de plus en plus d’argent, des tentes, le financement des études de ses enfants mais je lui expose mes perplexités. Et mes craintes sont alors bien confirmées, il y a arnaque totale. Néanmoins, j’avais fixé rendez-vous à Rampaji à 17h ; il m’avait invité à dîner dans son “campement” (Deepu me dit qu’ils ont, en fait, des maisons mais font venir les touristes dans mon genre dans ce pseudo-camp). Je suis très sensible à la situation des enfants de Rampaji ; Deepu me propose de le rencontrer dans le bureau de la Fondation, au centre ville. Je vais chercher Rampaji là où nous nous étions fixé rendez-vous. J’espère que Rampaji acceptera de faire scolariser ses enfants dans l’école dirigée par Fior di Loto et non dans l’école privée qu’il me proposait. Car j’apprends qu’en fait, l’escroquerie est la suivante : un gypsy emmène un touriste préalablement bien manipulé, sur le plan émotionnel (ainsi que me l’avait expliqué Laurent la veille) à cette école et lui demande de financer la scolarité d’un ou plusieurs de ses enfants. Si le touriste accepte, la directrice et le gypsy se partagent, en fait, le montant. Et aucun enfant n’est scolarisé.

J’avais senti venir le problème. Car lors de ma rencontre, hier, avec la directrice, j’étais surpris qu’elle me demande de payer cash ; j’étais surpris aussi qu’il soit encore possible de réinscrire des enfants en février alors que, en Inde - elle venait de me l’expliquer - les congés d’été commencent en mai. Et d’autres détails, les dernières 48h, m’avaient laissé perplexes.

Je retrouve donc Rampaji à 17h ; il est accompagné de l’un de ses fils, 10 ans environ, que j’aime beaucoup. Il accepte de se rendre avec moi dans le bureau de Deepu. Deepu et lui s’expliquent en hIndi et je sens le malaise, énorme, de mes camarades gypsys. Toutes les craintes sont confirmées, de vive voix, par Rampaji : il possède effectivement une maison ; il n’a pas besoin de tentes ; et finalement, et malgré mes demandes, il refuse de scolariser ses enfants dans la Fondation. Son choix est de continuer son petit business. Rampaji sort du bureau. Je me sens très triste de sa décision ; j’ai même interpelé son fils sur ce qu’il voulait, lui. Mais rien à faire.


Tout à coup, je me sens libéré, en dépit de ma tristesse, d’un poids énorme. Effectivement, j’étais victime, depuis 3 ou 4 jours, d’une subtile et puissante manipulation émotionnelle. J’avais beau tenté de résister, c’était très difficile. Mais comme me le disait Laurent hier soir, il y a toujours, chez “l’escroc”, un détail qui tue et le trahit. En l’occurence, j’avais remarqué, il y a 2 jours, que Rampaji portait des chaussures flambant neuves ...

Et, hier, comme je le pressais de questions pour comprendre le fonctionnement de sa vie dans le camp, je sentais sa gêne à répondre.

Je m’abstiendrai de certains jugements moraux, trop spontanés chez les occidentaux. Kam d’ailleurs me dira elle-même à quel point sont riches les traditions culturelles des “gypsys” indiens (mais le terme “gypsy” est totalement anachronique, c’est un terme importé d’Occident). Du reste, l’origine des Roms est ... indienne !

Deepu me met alors en contact avec Kam ; c’est une indienne de Pushkar mais qui vit 6 mois de l’année en France où elle est chargée de faire connaître l’association. Nous prenons rendez-vous pour le dîner.

Après cette rencontre dans le bureau de Deepu, je lui consacre ... une petite séance photo-portraits. Puis je me rends, soulagé, sur les ghats. Et là, pour la première fois depuis que je suis à Pushkar, je réalise que je ne me suis pas encore arrêté pour contempler cet endroit magique ... et j’en profite un maximum. Repos ; concert de Drums face au lac et au coucher de soleil ... photos ... je goûte pleinement la poétique des lieux, enfin.


Mieux même : Deepu, Brhamine authentique - authentiquement spirituel et généreux - me propose de me faire faire une Puja par un de ses amis Brahmines ... qui n’est autre que le motard qu’il avait envoyé pour me ramener au Sunset ... Deepu m’explique que les Brahmines, effectivement, n’ont pour seul salaire que ce que les pélerins leur donnent. Mais qu’il y a, aussi, beaucoup d’abus. Il me garantit qu’avec son confrère, je donne absolument ce que je veux. Je respire .... et rendez-vous est pris pour demain 10h pour une authentique Puja, enfin ...

Ah, et j’oubliais : je passerai une partie de la journée ... dans l’école de Fior di Loto pour y faire ... des photos !

Le soir, comme prévu, je retrouve Kam ; elle aussi envoie un motard me prendre à mon hôtel ! Elle habite à la sortie de la ville. Je découvre ... un merveilleux petit atelier de bijoux (photos ...) ; Kam et moi faisons connaissance. Elle m’explique l’historique de la Fondation et mille autre choses impossibles à retranscrire. Mais j’apprends entre autre que le genre d’escroquerie dont j’ai été victime se développe. Les gypsies, qu’elle respecte profondément, se sont sédentarisés et, avec le boum économique, tente par tous les moyens de tirer leur épingue du jeu, d’autant plus que, comme pour les bhopas notamment, leurs vieilles et riches traditions ne leur rapporte plus ; elle me parle de la condition atroce des femmes, bébé, jeunes filles, filles, femmes mariées (on tue encore des bébés filles dans les villages ; une jeune fille violée est assassinée par sa propre famille, etc.). D’où l’audace extraordinaire de la fondation Fior di Loto, ainsi que me le résumait Deepu : “Je veux que ces jeunes filles deviennent médecin, avocat, docteurs, ...”. Une révolution.

Je dîne donc chez Kam et j’ai ainsi la chance de voir l’habitat d’une personne que j’estime de la classe moyenne. Pour l’apprenti space designer que je suis, c’est très instructif ...

Kam et moi avons prévu de nous revoir prochainement en Avigon où elle réside.

Je me sens vraiment libéré ce soir. Et le programme que je m’étais fait pour les 2 prochains jours est ... une fois de plus modifié ... à suivre au prochain numéro ...


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